Interprétation d’une Icône
- Francis Stuck
- 23 avr.
- 7 min de lecture
En ce 23 avril, nous célébrons Saint-Georges.
Saint de la Royauté, mais aussi protecteur de la lignée du Graal ... combattant les forces du mal et gardien de la vérité, source de lumière pour les âmes assoiffées d’amour.
Saint-Georges, patron de tous les chevaliers, protecteur des chevaux et des cavaliers.
Au-delà du mythe et du symbole religieux, Saint-Georges propose une autre lecture. Il s’agit d’un enseignement alchimique, initiatique et spirituel.
Au-delà de l’image religieuse, Saint-Georges représente un archétype, un champ de force et d’interaction animé et potentialisé par l’union des consciences chevaleresques depuis des temps séculaires.
Il traduit ainsi un effet de résonance morphique extraordinaire pour ceux dont la compréhension du symbole et de ses enseignements modifie leur conscience profonde.
Je vous propose ainsi une lecture à plusieurs niveaux de l’icône ci-jointe.
En l’observant en détail, nous découvrons qu’elle présente trois tableaux différents qui traduisent l’alternative de trois chemins de vie.
La montagne à gauche en arrière plan symbolise le premier chemin de vie possible. Il s’agit d’une montagne faite de roches infranchissables. Elle est synonyme de limitation tant dans le mouvement temporel que dans l’activité spirituelle ou intellectuelle. Elle symbolise le nihilisme, le matérialisme dicté par l’ignorance, voire une forme primaire d’athéisme guidé par un paradigme limitatif qui n’offre aucune perspective de transcendance, aucune vision d’ouverture d’esprit. Seule la probité matérielle alimente une réflexion nourrie également les difficultés et les turpitudes de la vie engendrant un esprit de fatalisme voire de pessimisme morbide. Ce choix de philosophie de vie repose sur une vision purement horizontale qui ne prend en compte que les deux dimensions du mental et du corps. La montagne escarpée représente ainsi une barrière infranchissable tant d’un point de vue matériel que mental, psychologique et spirituel. Le chemin de vie ainsi proposé par cette alternative se veut celui d’un automate évoluant dans un environnement stérile, sans horizon et alimenté par une pensée strictement horizontale et matérialiste.
En arrière plan à droite se trouve une colline surplombée d’une tour. Le chemin pour y accéder est rouge et blanc, la couleur du sang et de la sueur. La pente escarpée représente les efforts indispensables quotidiens pour affronter la vie. D’un point de vue spirituel, cette seconde alternative incarne un chemin de foi religieuse. Celui-ci se construit autour d’enseignements qui pour certains sont souvent empreints de dogmatismes voire de sectarisme. Au sommet de cette colline se trouve une forteresse depuis laquelle des personnages protégés par des créneaux, observent de loin, unis par une pensée dogmatique dont la tour incarne les limitations et les scléroses. Ils sont les spectateurs de leur propre vie. Ils incarnent ainsi les prisonniers d’un dogme, fusse-t-il religieux, car il se trouve dénué des principes théurgiques actifs. Il en va ainsi du second niveau de lecture.
Mais une porte est ouverte au pied de l’édifice. Elle incarne cette ouverture vers un monde élargi empreint de liberté. Sur le seuil, un homme seul s’engage sur ce chemin, incarnant la solitude de celui qui sort de la forteresse de la pensée unique, celui qui se met en marge de la société pour trouver un chemin de vie animé par une philosophie différente, un autre mode de pensée. Sur sa tête, il porte une couronne et est vêtu d’une robe pourpre, vesture des prélats et des dignitaires ecclésiastiques. Celle-ci traduit un esprit animé par une soif mystique de compréhension et de Connaissance. Il est éveillé à l’intelligence alchimique universelle. Il observe cette scène qui se déroule au pied de la colline et qui dispense l’enseignement du mystère de la vie et de la créativité.
Au premier plan, nous découvrons ainsi le chevalier de Saint-Georges. Il se situe dans un paysage incarnant la temporalité. Nous y découvrons tous les éléments du quotidien des humains. La terre sombre avec ses aspérités qui incarnent un chemin de vie nécessitant une attention et un labeur de tous les instants. Celle-ci est jonchée d’ossements qui représentent la mort, symbole limitatif de notre vie temporelle.
Les trois éléments fondamentaux qui régissent l'incarnation sont révélés dans ce symbole: le corps, l’esprit et l’âme.
Le chevalier de Saint-Georges incarne notre personnalité temporelle animée par une étincelle de conscience originelle créatrice et divine, source de la vie consciente. Il est l'homme "éveillé" placé sur son cheval, signe du mouvement perpétuel dans un équilibre parfait, en accord avec les lois de l'universalité et de la gravitation. Il se positionne dans l’axe de rotation de la Terre incarnant ainsi les lois astrophysiques avec ses lois cosmologiques. Il représente la colonne vertébrale de la vie, montrant un axe vertical, un chemin d’élévation et de grandeur.
Sa tête est auréolée. Son intelligence dépasse la temporalité. Il est éveillé et uni à la connaissance universelle. Le chevalier est un guerrier, pourfendeur du mal et défenseur des valeurs du Créateur. Il est noblement vêtu. C’est l’illustration de son origine supérieure. Non pas supérieure dans une vision sociétale, mais supérieure au-delà de l’espace et du temps, dans sa nature divine, l’incarnation d’une autorité spirituelle temporelle qui nous dépasse. Il dispose d’une puissance qui dépasse toute interprétation humaine, car il a travaillé, combattu les forces hostiles et désormais il sait.
La cape pourpre symbolise la couleur du sang, la signature de l’ADN. C’est la couleur du grand oeuvre alchimique, de la transmutation chère à Nicolas Flamel, à Paracelse, à Fulcanelli, au comte de Saint-Germain ou à Cagliostro. Le chevalier est armé d’une lance qui lui permet de neutraliser le dragon. Cette arme représente toutes les pratiques opératives de transmutation spirituelle, mystique ou alchimique.
Le dragon souvent représenté également par un serpent représente le mental. Les griffes acérées ainsi que la défense qui prolonge son nez sont des symboles d’agression qui se traduisent quotidiennement tant par le geste que par le verbe. Sa queue est comme celle d’un serpent, l’incarnation de la tentation du jardin d’Eden. Il dispose de quatre pattes à l’instar des mammifères terrestres. Ainsi, il se déplace tant sur la terre que sur la mer que dans les airs. Son corps est recouvert d’écailles, signe d’une carapace le protégeant et rendant la lutte d’autant plus âpre. Ses ailes incarnent l’omniprésence, le mouvement par-delà tous les horizons. Elles lui permettent d’accompagner et de s’ingérer dans toutes les phases de la vie terrestre. La lance du chevalier est plantée dans la bouche du dragon et plus précisément dans la langue. C’est l’organe d’expression vocale qui traduit dans le monde extérieur toutes les pensées intérieures. C’est l'organe qu’il convient de maîtriser pour le contrôle du Verbe créateur animé par les intentions, les pensées, les paroles et les actes. En transperçant la langue, la lance fait couler le sang. Ce sang du dragon qui se répand et qui représente le ferment de l’espace temporel. Ainsi le mental symbolisé par le dragon terrassé, doit être contrôlé dans son expression pour devenir générateur de richesses spirituelles, mystiques et temporelles.
Le cheval représente le véhicule de la transmutation. Il est de robe blanche, l’incarnation de la pureté. Il est presque cabré. Il s’agit d’une posture qui incarne à la fois la lutte et la position dominante, mais elle est également synonyme d’un parfait équilibre. Comme Le Florido, l’étalon de Mr de Nestier, il est placé dans l’axe de l’Equateur, symbolisant l'équilibre des lois de gravitation. Il s’inscrit ainsi dans l’universalité cosmologique tout en incarnant la puissance divine. Le cheval est tourné vers le chevalier. Il est son supplétif, à son écoute, guettant le moindre geste, la moindre parole, la plus infime pensée. Il porte sa tête haute, signe altier d’une noblesse avérée. Les rênes sont détendues. Il est au service du chevalier tout en demeurant libre de ses mouvements. Il se tient dans une posture martiale qui permet par les antérieurs élevés d’aider à la neutralisation du dragon.
Il représente ainsi le témoin silencieux blotti au fond de notre poitrine, l'étincelle divine qui attend le signal d’éveil engendré par une modification de notre état de conscience ouvrant ainsi notre vie vers une incommensurable foi divine créatrice des richesses universelles.
Ainsi le cheval incarne tous les véhicules, tous les rituels et toutes les pratiques permettant d’atteindre l’état d’éveil spirituel par une modification de l’état de conscience. Il représente la méditation, la prière, les oraisons chères à Thérèse d’Avila, à Jean de la Croix ou à Ignace de Loyola. Il est le Dzogchen du Bouddhisme tibétain. Il est le Tchan du Taoïsme. Le cheval incarne la doctrine Zen du Bouddhisme extrême oriental. Il représente également le Dhikr de l’Islam Soufie. Dans le Christianisme, il est l’Hésychasme, cette pratique opérative mystique séculaire, appelée la « voie cardiaque ou voie directe » en alchimie des voies internes.
Pour les cavaliers, le cheval représente notre mental, ses mouvements et ses déviances qui traduisent le flux de nos pensées et de nos gestes.
Pour celui qui sait voir et comprendre, l’équitation s'impose comme un chemin d'éveil et d’élévation, dont le cheval est le Maître-Guide.
Il s’avère être un animal mystique qui nous invite au plus merveilleux des voyages temporels et intemporels, avec comme destination, la rencontre avec nous-mêmes.
C'est la voie de la Chevalerie, un art martial qui mène à notre intériorité par un chemin d'introspection et d'éveil et qui ouvre une voie de connaissance jalonnée par l'éthique, le respect et la foi. Tout un chacun peut accéder à cette lumière divine par une quête de connaissance, de travail perpétuel et par l'abnégation de son égo.
Le libre-arbitre existe par la compréhension de cet enseignement majeur. Nous disposons tous du choix de faire le bien ou le mal, par nos pensées, nos paroles ou nos actes. Ce faisant nous donnons force et vigueurs aux lois d’interaction et de compensation. Ainsi, seule l’ignorance demeure la mère de tous les vices.
Je vous invite à méditer ces enseignements en observant cette icône, en vous imprégnant de ses plus infimes détails et en réfléchissant aux symboles qu’elle incarne.
Assurément, elle vous parlera.
Que Saint-Georges vous protège !
Francis Stuck
Grand Chancelier de l'Ordre de Saint-Georges de France

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