L’engagement chevaleresque, empreint de valeurs spirituelles et morales, s’enracine dans une conception transcendante de la foi. Plus qu’un simple credo religieux, celle-ci oriente chaque action du chevalier vers un idéal supérieur, où le service du divin et la quête de perfection se trouvent indissociables. Dans cette dynamique, la foi s’impose comme une force structurante, transcendant l’individu et ses limites humaines pour le relier à des principes éternels.
Le chevalier, tel qu’évoqué dans les récits arthuriens ou les chansons de geste, marche guidé par une foi qui illumine ses choix. La croix, omniprésente sur les écus et les étendards, ne se réduit pas à un simple emblème chrétien : elle synthétise une orientation spirituelle. L’historien Jean Flori (Chevaliers et chevalerie au Moyen Âge, 2001) souligne que le port de la croix sur l’armure rappelle au chevalier qu’il combat non pour sa gloire personnelle, mais pour une cause sacrée.
La quête du Graal, dans les récits médiévaux, incarne cette tension entre foi et chevalerie. Le Graal, inaccessible par des moyens terrestres, symbolise l’éveil intérieur rendu possible par une foi pure et inébranlable. La maxime gravée dans certains manuscrits, “Non par la force, mais par la foi” (adage attribué à la littérature cistercienne), résume cette perspective.
Les croisades, en tant que manifestation historique de la chevalerie, illustrent le rôle central de la foi dans l’engagement militaire et moral. Urbain II, lors du concile de Clermont en 1095, appelle les chevaliers à défendre Jérusalem non comme des soldats, mais comme des “pèlerins armés”. L’historienne Régine Pernoud (La Femme au temps des cathédrales, 1980) rappelle que ces campagnes religieuses mêlent étroitement foi personnelle et devoir collectif, structurant les ordres tels que les Templiers ou les Hospitaliers autour de valeurs sacrées.
Ces ordres, bâtis sur une discipline rigoureuse, s’organisent selon des principes monastiques où la foi nourrit chaque aspect de la vie quotidienne. La devise des Templiers, “Non nobis Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam” (“Pas pour nous, Seigneur, mais pour la gloire de ton nom”), met en lumière cette humilité qui ancre l’engagement chevaleresque dans une spiritualité active.
René Guénon, dans Le Symbolisme de la croix (1931), évoque la croix comme un symbole alchimique, unissant le vertical (l’aspiration spirituelle) et l’horizontal (l’action terrestre). La foi, dans cette configuration, permet de résoudre les tensions entre ces deux dimensions, en orientant chaque action du chevalier vers une finalité divine.
La foi, dans l’engagement chevaleresque, dépasse le cadre strictement religieux pour rejoindre une quête philosophique plus large.
Cette foi également philosophique se trouve exprimée dans les principes stoïciens intégrés à l’éthique chevaleresque. Marc Aurèle, dans ses Pensées pour moi-même, affirme : “L’homme accomplit sa destinée non en conquérant le monde, mais en conquérant son propre cœur.” Cette conquête intérieure, portée par la foi, incarne l’essence de l’engagement chevaleresque.
Selon Bernard de Clairvaux : “Le chevalier ne sert pas un roi terrestre, mais le royaume éternel.”
Dans l’engagement chevaleresque, la foi ne se réduit pas à une simple croyance, mais devient une dynamique vivante. Elle oriente, structure et transfigure, transformant l’action en un acte sacré. À travers le symbolisme de la croix, les récits historiques et les interprétations spirituelles et philosophiques, la foi se révèle comme le véritable moteur de l’élévation chevaleresque. Chaque pas, chaque combat, chaque victoire intérieure s’inscrit ainsi dans une quête universelle de sens et de transcendance.
Par Saint-Georges !
Francis Stuck
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