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Interprétation symbolique d'une icône

Par Francis STUCK - Grand Chancelier

 

Au-delà du mythe et du symbole religieux, Saint-Georges propose une autre lecture. Il s’agit d’un enseignement initiatique et spirituel.

Cette icône présente trois tableaux différents qui traduisent l’alternative de trois chemins de vie.

La montagne à gauche en arrière plan symbolise le premier chemin de vie possible. Il s’agit d’une montagne faite de roches infranchissables. Elle est synonyme de limitation tant dans le mouvement temporel que dans l’activité spirituelle ou intellectuelle. Elle symbolise le nihilisme voire une forme primaire d’athéisme qui n’offre aucune perspective de transcendance, aucune vision d’ouverture d’esprit. Seule la probité matérielle alimente une réflexion nourrie également par les difficultés et les turpitudes de la vie qui engendrent un esprit de fatalisme voire de pessimisme morbide. Le chemin de vie ainsi proposé repose sur une réflexion purement horizontale qui ne prend en compte que les deux dimensions du mental et du corps. Cette montagne escarpée représente ainsi une barrière infranchissable tant d’un point de vue matériel que mental, psychologique voire spirituel. Le chemin de vie ainsi proposé par cette alternative se veut celui d’un automate évoluant dans un environnement stérile, sans horizon et alimenté par une pensée strictement matérialiste.

En arrière plan à droite se trouve une colline surplombée d’une tour. Le chemin pour y accéder est rouge et blanc, la couleur du sang et de la sueur. La pente escarpée représente les efforts indispensables quotidiens pour affronter la vie. D’un point de vue spirituel, cette seconde alternative incarne un certain chemin de foi. Celui-ci se construit autour d’enseignements religieux qui pour certains sont parfois empreints de dogmatismes voire de sectarisme. Au sommet de cette colline se trouve une forteresse depuis laquelle des personnages protégés par des créneaux qui observent de loin, unis par une pensée dogmatique dont la tour incarne les limitations et les scléroses. Ils sont les spectateurs de leur propre vie. Une porte est ouverte au pied de l’édifice. Elle incarne cette ouverture vers un monde élargi empreint de liberté. Sur le seuil, un homme seul s’engage sur ce chemin, incarnant la solitude de celui qui sort de la forteresse de la pensée unique, celui qui se met en marge de la société pour trouver un chemin de vie animé par une philosophie différente, un autre mode de pensée. Sur sa tête, il porte une couronne et il est vêtu d’une robe pourpre symbole de foi supérieure. Sa vesture incarne un esprit animé par une soif mystique de Connaissance. Il est éveillé à l’intelligence universelle. Il observe cette scène qui se déroule au pied de la colline et qui dispense l’enseignement de l’un des mystères de la vie.​

Au premier plan, nous découvrons ainsi le chevalier de Saint-Georges. Il se situe dans un paysage incarnant la temporalité. Nous y découvrons tous les éléments du quotidien des humains. La terre sombre avec ses aspérités qui incarnent un chemin de vie nécessitant une attention et un labeur de tous les instants. Celle-ci est jonchée d’ossements qui représentent la mort, l’aspect limitatif de notre vie temporelle.

Les trois éléments fondamentaux qui régissent la vie sont révélés dans ce symbole: le corps, l’esprit et l’âme. Le chevalier représente l’âme. Il est placé sur son cheval dans un équilibre cosmologique parfait. Il se positionne dans l’axe de rotation de la Terre incarnant ainsi l’espace temporel avec ses réalités cosmologiques. Il représente la colonne vertébrale de la vie, montrant un axe vertical, un chemin d’élévation et de grandeur.

Le chevalier de Saint-Georges incarne l’âme, l’esprit de vie. Sa tête est auréolée. Elle traduit une incarnation divine. Le chevalier est un guerrier, celui qui combat le mal et qui défend les valeurs du Créateur. Il est noblement vêtu. C’est l’illustration de son origine supérieure. Non pas supérieure dans une traduction temporelle, mais supérieure au-delà de l’espace et du temps, mais dans sa nature spirituelle. Il dispose d’une puissance qui dépasse toute interprétation humaine. La cape pourpre symbolise la couleur du sang, la signature de l’ADN. C’est également la couleur de la chasuble des cardinaux qui forment le conseil rapproché du Pape, l’incarnation d’une autorité spirituelle temporelle. C’est la couleur du grand oeuvre alchimique, de la transmutation chère à Nicolas Flamel, à Paracelse, à Fulcanelli, au comte de Saint- Germain ou à Cagliostro. Le chevalier est armé d’une lance qui lui permet de neutraliser le dragon. Cette arme représente toutes les pratiques opératives de transmutation spirituelle, mystique ou alchimique.

Le dragon souvent représenté également par un serpent représente le mental. Les griffes acérées ainsi que la défense qui prolonge son nez sont des symboles d’agression qui se traduisent quotidiennement tant par le geste que par le verbe. Sa queue est comme celle d’un serpent, l’incarnation de la tentation du jardin d’Eden. Il dispose de quatre pattes à l’instar des mammifères terrestres. Ainsi, il se déplace tant sur la terre que sur la mer que dans les airs. Son corps est recouvert d’écailles, signe d’une carapace le protégeant et rendant la lutte d’autant plus âpre. Ses ailes incarnent l’omniprésence. Elles lui permettent d’accompagner et de s’ingérer dans toutes les phases de la vie terrestre. La lance du chevalier est plantée dans la bouche du dragon et plus particulièrement dans la langue. C’est l’organe d’expression vocale qui traduit dans le monde extérieur toutes les pensées intérieures. C’est organe qu’il convient de maîtriser. L’aspect ternaire se traduit ainsi par les pensées, les paroles et les actes. En transperçant la langue, la lance fait couler le sang. Ce sang du dragon qui se répand et qui représente un ferment pour l’espace temporel. Ainsi le mental contrôlé dans son expression et symbolisé par le dragon terrassé devient générateur de richesses spirituelles, mystiques et temporelles.

Le cheval représente le véhicule temporel tant pour l’esprit que pour l’âme. Il est de robe blanche, l’incarnation de la pureté. Il est presque cabré. Il s’agit d’une posture qui incarne à la fois la lutte et la position dominante, mais elle est également synonyme d’un parfait équilibre. Comme Le Florido, l’étalon de Mr de Nestier, il est placé dans l’axe de l’Equateur. Il s’inscrit ainsi dans l’universalité temporelle et cosmologique tout en incarnant la puissance divine. Le cheval est tourné vers le chevalier. Il est à son écoute, guettant le moindre geste, la moindre parole, la plus infime pensée. Il porte sa tête haute, signe altier d’une noblesse avérée. Les rênes sont détendues. Il est au service du chevalier tout en demeurant libre de ses mouvements. Il se tient dans une posture martiale qui permet par les antérieurs élevés d’aider à la neutralisation du dragon.

Il est ainsi le témoin silencieux blotti au fond de notre poitrine. Cet esprit profond qui attend le signal d’éveil engendré par une modification de notre état conscience ouvrant ainsi notre vie vers l’universalité d’une foi divine incommensurable.

Ainsi le cheval incarne tous les véhicules, toutes les pratiques permettant d’atteindre l’état d’éveil spirituel par une modification de l’état de conscience. Il représente la méditation, la prière, les oraisons chères à Thérèse d’Avila, à Jean de la Croix ou à Ignace de Loyola. Il est l’Hésychasme, cette pratique opérative mystique qui remonte aux premiers temps du Christianisme primitif.

Pour celui qui sait voir et comprendre, Saint-Georges nous invite au plus merveilleux des voyages temporels et intemporels, avec comme destination, la rencontre avec nous-mêmes.

 

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